mardi 17 juin 2008

Cinquième Entretien.

Félix Niesche:Mon cher Abbé, quand on lit ce qu'on lit et qu'on entend ce qu'on entend, on est pas étonné de penser ce que l'on pense.
L'abbé Tymon de Quimonte:Et quand on pense ce que l'on pense et qu'on le publie, mon fils, on est encore moins étonné de lire et d'entendre ce que nous avons lu et entendu récemment...
F:Dont le premier propos est justement de nous faire savoir que l'on n' entend rien à ce que nous pensons, si tant est que nous pensions, de famille, de conserve veux-je dire, quelque chose d'intelligible...
l'abbé: ...Que le dessein que nous avons en donnant ces entretiens ne leur apparait pas avec suffisament de clarté..
F:..qu'un semblable projet pourrait paraître assez inutile...
l'abbé: de sorte,mon fils, qu'aprés avoir excité une certaine curiosité, et reçu des applaudisements empressés...
F: bien trop empressés ces empressements, monsieur l'abbé, peu crédibles et peu proportionnés à leur matière..laquelle d'ailleurs?..je ne vois plus..
l'abbé: le style, mon fils, le vôtre et le mien. Néanmoins, in cauda venenum, nos entretiens, on s'empressa derechef de nous le dire, en dehors de l'agrément supposé de la lecture, laissaient beaucoup à désirer dans l'ordre... intellectuel, de la sociologie par exemple...
F:la sociologie, mon cher Abbé, mais laissez moi leur répondre, une fois pour toutes, avec ce raffinement tant loué de mon style, la finesse et la solidité de mes arguments, que je m'en tamponne le coquillard avec une patte d'aligator femelle!
l'abbé: en un mot, mon fils que vous vous en désintéressez complétement..
F:mieux que celà, je m'en contrefous, je m'en tape, je m'en branle si vous aimez mieux l'abbé..
l'abbé:manu stuprare diabolicum! Allons, mon fils, branlez du chef mais laissez vos mains dans vos poches. L'indignation soulage les nerfs sans nourrir l'esprit. A part vous, vous ronchonnez: "Ah! c'est comme ça, on apprécie pas mes poésies et nos entretiens, on veut des zanalyses, des prises de positions inscrites dans les partis existants, et bien je vais en prendre une, de posture, l'anti- intellectualisme, genre: le style contre les idées!" Soit! pourquoi pas aprés tout,"l'intelligence quelle petite chose à la surface de nous-mêmes."
F:mais je ne méprise pas l'intelligence, je n'en vois nulle part. Ce qui m'indigne c'est que des esprits de troisième catégorie osent réclamer des explicitations. La République des lettres est morte depuis plus de vingt ans : soit on léche, on cajole, soit pas lâches on va en geole. Nous gémissons sous le talon de fer d'une idéologie étrangère à notre génie particuler, à notre esprit, à notre vieille race, antagoniste à ce que des millénaires ont intégrés et affinés, et ils ne voient rien, ne sentent rien.. Ils veulent soi-disant, comprendre, réflechir, peser...
l'abbé:.  ils "psychologisent" tout. Cherchent à savoir le pourquoi de ces aversions, de cette ironie..
F: Animaux de basse-cour, ils répugnent à une pensée sauvage, ils ne voient pas de hauteur au dessus de ma haine, les cieux déchirants au dessus de notre enclos.... Notre époque dans ses profondeurs brouille tout, bousille tout. La majorité des sociologues sont des commis du Capital. Sur le cadavre du Marxisme, qui était une Physique sociale, les vers sont au travail : les chercheuses en sciences sociales, enduites de moraline et de psychologisme. Leur fonction: la décomposition de la conscience. Résultat   : partout la bêtise la plus crasse, l'arriération zoophile communautariste, sous couvert d'une"pensée" binaire , totalitarisme/démocratie, populisme/mondialisme, mal,mâle,blanc/bien,femme,bistre, et caeterra. Le plus comique c'est que cette bêtise courante, commune, s'exprime avec les mêmes mots, les mêmes mimiques et inflexions de voix, surtout chez les petites femelles dégoulinantes d'idéologie, abêties par leur presse spécifique, la télé et le cinéma.
l'abbé : Et le plus déconcertant, mon fils, c'est que les imbéciles qui s'approprient les thémes à la mode se convainquent eux-mêmes qu'ils le tirent de leur propre fond.
F : Exactement, l'abbé, c'est le plus hilarant, tous vêtus du prêt-à-penser acheté en solde rue du Sentier politique et littéraire, ils sont persuadés d'exhiber des zopignons sur rue et sur mesure. Faire de la pédagogie à ces cuistres serait déroger.Je ne m'abaisserai pas à tenter d'expliquer leur condition à des domestiques. Inaptes à la révolte, pour eux l'arme de la critique est rouillée, vienne la critique des armes. C'est déchoir de démontrer par exemple, à des pétasses fnaquées que le féminisme serait une aliénation contraire à l'émancipation des femmes...
l'abbé: En effet,"la tendre guerre" de shakespeare, s'est envenimée en une implacable Guerre des Sexes..
F: Une lutte à mort. Et le théatre des opérations s'est déplacé hors de l'intimité des couples et fait rage dans l'arène politique et sociale. Les guerre des races et des classes sont désormais inextricablement liées, imbriquées, et exacerbées par le combat central de la virilité et de la vaginocratie.
l'abbé:de grâce, mon fils, laissez moi être paedagogus pour un moment, en affirmant expressément, qu'il ne s'agit pas d'une guerre hommes contre femmes. Certaines femmes, rares il est vrai, sont de notre parti, cependant que des mâles, et nombreux, sont les fourriers du féminisme...
F:mais ,l'abbé, celà va sans dire il me semble...
l'abbé:.sans doute, mais tellement mieux en le disant, mon fils.
F:et bien c'est dit, nous pouvons donc briser là..
l'abbé:..semper ad eventum festinant.
F: Amen.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai goûté avec délice vos joutes verbales aux envolées parfois vertigineuses, à la manière des plus fiers bretteurs. Et lorsque taquineries ou divergences émergent à la surface de vos dialogues, il point, par delà les désaccords, une secrète complicité que traduit l'humour qui en débouche.

Anonyme a dit…

pour aller ds votre sens:
« L’attitude des Anglais était curieuse. Ils étaient très corrects et même cordiaux avec les Indiens dans les rapports officiels ou dans le monde militaire. Des Indiens occupaient de très hauts postes dans l’administration et l’armée. Mais dès qu’il s’agissait de la vie privée, des clubs, des hôtels, des wagons de chemin de fer, des quartiers résidentiels, la ségrégation était très stricte et prenait souvent des formes difficilement acceptables. On disait que cette attitude était relativement récente et datait de l’ouverture du canal de Suez. Auparavant, les fonctionnaires anglais venaient sans leur femme. Ils prenaient des maîtresses indiennes, portaient à l’occasion des costumes indigènes plus commodes que les vêtements européens de l’époque, et se mêlaient à la vie du pays. Les dimanches, on pouvait voir sur le Maidan se promener en voiture ouverte les "bibi", concubines des hauts fonctionnaires, qui paraissaient même à certaines réceptions. Après l’ouverture du canal, le voyage devint facile, les fonctionnaires amenèrent leur famille et se mirent à vivre dans des "cantonnements", des quartiers européens réservés. Certains Anglais disaient, non sans mélancolie : "Ce sont les mem-sahib (les femmes anglaises) qui nous feront perdre l’Empire
Mémoires de Jean Danièlou

Anonyme a dit…

Vos textes prennent de l'ampleur, aussi vous faut-il les justifier
(alignement de paragraphes)

libellés

Qui êtes-vous ?

Copyright ©

Copyright ©
Tout droit réservé.