jeudi 3 février 2011

Dixième Entretien

Félix : Monsieur l’abbé, ce qu'il y a de tragique dans ces événements d'Egypte c'est que les "envoyées spéciales" ne s'y font pas tuer.
L'abbé Tymon de Quimonte : Pas très charitable, mon fils ! Voila tout ce que vous inspire cette prémice d'un soulèvement populaire du monde Arabe ?
Félix : Je voudrais parler de l’Égypte mais ne le puis ! Mon esprit comme le triangle émoussé des pyramides achoppe à l’usure des temps. Impossible de gravir l’escalier de Saqqarah, rejoindre la course enfiévrée de Râ.
L'abbé : Par Isis, n’en parlez pas mon fils, nous nous passerons à regret de vos hiéroglyphes inspirés sur la situation, d’ailleurs le temps des phrases est révolu.
Nous écouterons les nouvelles.
Félix : Mais c’est là où notre ba, se blesse, malheureusement. Nout la déesse nue qui avalait chaque soir le vieux soleil exténué pour le ré-enfanter à chaque aube est morte. À sa place ne règne que la plus obscène, la plus répugnante Kali, qui ne rayonne que de son sexe.
Ce train d’envoyées spéciales qui paissent comme un troupeau de buffles femelles à l’abreuvoir du Nil, dans leurs hôtels de charme et de luxe, à Louxor ou à Charm-el-Cheikh, ôtent toute velléité de leur prêter l’oreille.
Le ramas des Alexandra en Alexandrie, des Sarah Guy-Bedos à Gizeh ou au Caire comme des mouches-sphinx énervées par l’orage, vrombissent vainement autour du Sphinx.
Ces vestales véreuses avec leurs hameçons de Hertz m’arrachent la cervelle par l’oreille, comme dans la maison d’embaumement les Hiérophantes, sous le masque d’Anubis, la retiraient à l’aide d’un crochet de fer par les narines.
Ô ces voix par Seth ! Ces voix! Et qu’il est vrai que la sphère ORL est pleine des correspondances baudelairiennes. Ces méchantes sonorités femelles qui mêlent aux événements leurs relents hygiéniques usagés, forcent à renifler les leucorrhées dans leur logorrhée, à voir, très franchement, se mouvoir les lèvres du bas. En plein monologue !
L'abbé : Éviscéré par la lame en pierre d'Ethiopie, faîtes de votre cénotaphe un sanctuaire, où ne pénètre nulle Fragrans feminae, mon fils, enveloppez l’actualité de bandelettes, le monde moderne est mort.
Songer aux mystères de l’ancienne Egypte, la seule vraie, tournée toute vers l’Éternité.
Félix : Très peu pour moi. Par la pensée je me mêle à la foule là bas, et je songe non aux Vieux Pharaons, mais au grand calife Hakem :
« À vous, enfants, cette ville enrichie par la fraude, par l’usure, par les injustices et la rapine ; à vous ces trésors pillés, ces richesses volées. Faites justice de ce luxe qui trompe, de ces vertus fausses, de ces mérites acquis à prix d’or, de ces trahisons parées qui, sous prétexte de paix, vous ont vendus à l’ennemi. Le feu, le feu partout à cette ville que mon aïeul Moëzzeldin avait fondée sous les auspices de la victoire (kahira) et qui deviendrait le monument de votre lâcheté ! »
L'abbé: En somme, mon fils, vous aviez envie de taquiner un petit peu la Muse, de nous infliger d’autres choses que l’imbuvable politicaillerie, tant mieux, nous en prendrons des vacances parmi les sycomores, les figuiers et les futaies de palmiers-doums.
Félix : Pas assez futé moi-même, l'abbé, je préfère encore les balles dum-dum.
Mais par quelle malédiction, je vous le demande, nous faut-il endurer l’amphigouri des bigoudis, l’idioglossie du gynécée des lectrices de dépêches, le galimatias suraigu des A-F-Pétassées cuirassées de hertz, le blabla écholalique des dindons femelles qui glougloutent !

J'écoute en frémissant chaque Dinde qui cause
Le volapük des putes n'a pas d'écho moins stricts
Mon ouïe sonnée par les coquecigrues des Strings
Succombe tel un mineur miné de silicose

Résultat je n’entends rien je ne comprend rien
L'abbé : Tel est, peut être, mon fils, le but recherché. Lisez plutôt la presse.
Félix : Non merci très peu pour moi.
Depuis longtemps déjà sans télévision, je n’allais plus au cinématographe (ne pouvant supporter une seule de ces productions ordurières), me restait la radio.
Mais l'abbé, c'est devenu insupportable ! La gynécocratie propage ses métastases avec une vigueur redoublée. Sur les ondes ces sempiternelles voix de timbre aigues, toujours au bord de l'hystérie, stridentes, crispantes.
l'abbé: Mon fils, une récente étude scientifique portant sur la façon dont le cerveau humain réagit aux voix masculines et féminines, a permis d'établir que, dans l'un ou l'autre cas, ce ne sont pas les mêmes zones cérébrales qui sont activées. Ce résultat tendrait à donner un fondement objectif à votre allergie.
Félix : Dîtes nous en davantage, monsieur l’abbé.
l'abbé : Il s'agit d'une expérience neurobiologique effectuée par l’équipe de Michael Hunter, de l'Université de Sheffield.
Félix : De chez qui ?
L'abbé : Sheffield my son ! City of North England, S.H.E.F.F.I.E.L.D.
Félix : Drôle de nom pour une fac de science ! Du côté de chez Field, ça fait plutôt littéraire.
L'abbé : Oui oui, peut-être, mon fils, peut-être. Quoiqu'il en soit, en ayant recours au procédé de l'imagerie par résonnance magnétique, les savants de cette illustre Université ont constaté ceci :
Que les voix féminines activaient dans le cerveau uniquement la zone circonscrite du cortex auditif, l’aire auditive primaire, au lieu que les masculines mettent en jeu une autre partie du cerveau, dans le lobe occipital, dite œil de l'esprit. C’est une aire d'association, qui est utilisée pour comparer les choses et les autres personnes avec soi-même.
Félix : Ainsi, grâce à vous et vos lectures de science, homme de foi, tout s'éclaire. Voilà pourquoi les suaves voix féminines dans les aéroports, plus nettes et plus mélodieuses, conviennent parfaitement pour nous inviter aux voyages.
L'abbé : Exactement, mon fils, tandis que pour dire les nouvelles politiques à la radio, ou toute autre activité intellectuellement plus relevée, leur complexion, leur tessiture, peut les rendre beaucoup plus lassantes.
Félix : Elles rajoutent de la confusion à la confusion, ceci étant sans doute la cause finale de cette pullulation de nullités criardes à la radio. Qui parlent ainsi que les écri-vaines écrivent, avec des fautes de dictions, avec des liaisons dangereuses, vicieuses (des cuirs), véritable infection sortie de leur fente labio-palatine.
L'abbé : Cette façon atroce de s’exprimer ne ressortit pas d’un choix délibéré, c’est ainsi qu’elles parlent ou chantent toutes, laidement, plaçant incorrectement l'accent tonique, avec de vilaines inflexions de voix.
Félix : Pourquoi suis-je encore le seul de mon espèce, à paraître souffrir de ce fléau ?
L’abbé : Oculos habent et non videbunt !
Félix : « Ils ont des yeux et n'entendent pas » ?
L'abbé : Et ne « voient pas » ! Penser c’est voir ! dit Aristote.
Si vous tenez à faire un mot en latin, on pourrait dire : Aures habent, et NON AUDIENT!
Félix : Amen.

4 commentaires:

orfeenix a dit…

Je suis encore et toujours étonnée de votre sectarisme, les voix de" châtrés"ne sont pas notre apanage et les liaisons mal-t-à propos encore moins,ce sont les tournures incorrectes qui sont choquantes, plus que la teissiture, non? Que dites vous de La Callas, de Mady Mesplé, de Mado Robin?
Pour une fois je ne me vexerai pas, anecdotiquement, la mieenne est un croisement entre Jeanne Moreau et Marlène dietrich et tout le monde m' appelle monsieur au téléphone.

L'abbé Tymon de Quimonte a dit…

"ce sont les tournures incorrectes qui sont choquantes, plus que la teissiture, non?"
Non.

orfeenix a dit…

teissidur! :-)

orfeenix a dit…

N' arrivant pas à laisser de commentaire sur votre article à propos des attentats de Norvège, c' est ici que je vous félicite.

libellés

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